Vaccination : pourquoi les réticences des soignants ? (suite)

A la suite de mes propositions pour tenter d'expliquer les réticences des soignants, le Dr Jean Scheffer, ancien chef de service au centre hospitalier d'Albi a réagi :

"Le texte du Dr Pradines reflète bien les différents aspects multiples et variés pouvant expliquer le pourcentage de non vaccinés chez les soignants.

J'ajouterais :
- la perplexité des soignants non-médecins devant les déclarations de médecins se positionnant contre la vaccination et en particulier contre les vaccins à ARN messager, en affirmant la similitude à un OGM et le risque d'atteinte à notre ADN.
- la non-couverture de vaccinés contre certains variants et à distance de la vaccination et la contamination possible quoique vacciné a sûrement perturbé certains qui hésitaient.
- le refus de lever les brevets de la part de l'Europe dont la France, l'augmentation du prix des vaccins et les profits de Pfizer et Moderna ont pu en irriter plus d'un qui par réaction refuse de se faire vacciner.

Il faut à nouveau expliquer qu'en matière de santé publique, il ne faut pas rester centré sur soi, mais aider au bénéfice collectif, seule façon de sortir de cette crise avec pour le moment comme seules solutions les mesures barrières et le vaccin. Malgré toutes les imperfections et déceptions, il est bien prouvé que les formes graves sont ainsi évitées et c'est cela le plus important.
- enfin il ne faut pas oublier certaines tensions dans des services entre médecins et non-médecins, ou entre les personnels et les directions aboutissant à une opposition sous forme de refus de la vaccination obligatoire pour les soignants.

Il reste le problème de la vaccination des enfants en dessous de 12 ans, c'est un problème éthique, discuté au sein du monde scientifique, car le bénéfice risque semble ne pas être en faveur de la vaccination. Le gouvernement, plutôt que d'utiliser la vaccination des enfants pour en fait camoufler son échec, ferait mieux comme en Espagne et au Portugal de tout faire pour vacciner tous les plus de 60 ans et tous les sujets à risque. Il faut aller chercher et vacciner les 10 à 15% restants.

Dr Jean Scheffer, le 6 août 2021"

Rappel : texte évoqué cidessus repris ci-dessous :

Une correspondante m'interroge sur la raison de la réticence de nombreux soignants face à la vaccination anti-covid. Je tente de lui répondre ci-dessous. Avez-vous des idées à proposer ?

Les causes sont multiples et surtout très anciennes car ceci était déjà vrai pour la grippe pourtant bien moins dangereuse et dont le vaccin est bien moins critiqué quant à ses effets adverses.

Des pistes :

- les soignants sont des citoyens comme les autres, l'irrationnel n'a pas disparu comme par un coup de baguette magique. 

- l'individualisme, lui, a progressé chez eux comme partout dans la société. "Mon corps est à moi !" Je fais ce que je veux, après tout !

- les soignants sont témoins des insuffisances et des erreurs médicales. 

- paradoxalement, les soignants voient et retiennent surtout les limites de la médecine dans ses échecs et errements.

- rares sont les soignants qui ont une connaissance sérieuse de la méthodologie de la recherche médicale, ils n'imaginent pas pour la plupart que la recherche a toujours été erratique, floue, contradictoire, avant de produire des résultats plus robustes ou d'abandonner certaines voies thérapeutiques. Je pratique actuellement une expertise pour l'Agence du médicament (ANSM). Ceci ne fait que renforcer mes convictions acquises au cours de ma carrière.

- au lieu de dire franchement qu'il fallait arrêter immédiatement l'AstraZeneca dès que le Danemark l'a fait, on a persisté avant de se rétracter. Très mauvais, ça.

- il faut dire toute la vérité incluant surtout le risque rare de VITT plutôt chez des femmes jeunes avec les vaccins à adénovirus et celui, rare aussi, de myocardite/ péricardite plutôt chez des hommes jeunes avec les vaccins à ARNm.

- les soignants ne font pas confiance à leurs hiérarchies et au gouvernement, en grande partie car la politique des dernières décades a consisté à réduire les dépenses par tous les moyens. D'où le manque de masques, de gants, les sacs poubelles pour protection et surtout les décès indus car sans soins suffisants, etc. Une humiliation dont on n'a pas encore mesuré tout l'impact. 

Pourtant, pour en finir avec le cauchemar actuel ou le réduire au maximum, seules des mesures collectives incluant la vaccination seront efficaces.